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Ancienne capitale de l'Empire moghol
Au dix-septième siècle, les voyageurs qui séjournent dans la capitale de l’Empire moghol la décrivent comme une merveille. Aujourd’hui, la beauté du Taj Mahal continue de faire la renommée d’Agra partout dans le monde.
Pourtant la richesse des autres monuments historiques reste ignorée de la plupart des visiteurs qui ne font plus que passer. La ville mérite pourtant de s’y attarder pour s’associer à l’émerveillement des voyageurs d’antan.
Agra est située sur les bords de la rivière Yamuna dans l’État de l’Uttar Pradesh, à 200 kilomètres au sud de la capitale indienne, New Delhi.
Sikandar Lodi, sultan de Delhi, en fait la capitale de l’Hindustan pour la première fois en 1504, et la cité connait son apogée avec les Grands Moghols à partir de 1556 sous les règnes successifs d’Akbar, de Jahangir et de Shah Jahan. C’est ce dernier, bâtisseur du Taj Mahal, qui transférera à nouveau la capitale de l’empire à Shahjahanabad (actuelle Old Delhi) en 1649.
Parmi les nombreux monuments construits à Agra, principalement par les Moghols, trois d’entre eux sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco : le Taj Mahal et le Fort Rouge depuis 1983, Fatehpur Sikri depuis 1986.
Au 17e siècle, les voyageurs étrangers décrivaient l’Agra moghole comme une merveille du temps. Elle était alors autant un centre majeur du commerce sur terre et sur eau que lieu de rencontre de saints, de sages et de savants venus de toute l'Asie. Elle regorgeait de magnifiques bâtiments, de palais, de jardins inspirés du paradis d’Allah et de mausolées.
Grand aventurier allemand, Johann Albrecht von Mandelslo juge en 1638 que la ville est au moins deux fois plus grande qu’Ispahan quand d'autres estiment que c’est l’une des plus grandes villes du monde.
À l’époque, le noyau d'Agra est formé par les jardins de l'élite dirigeante qui bordent les deux côtés de la rivière Yamuna, le reste de la ville l'encercle à l'ouest. Le Taj Mahal fait partie de ce noyau et n’est en aucun cas construit sur un site isolé. Ainsi, le centre d'Agra a un caractère de banlieue. Quant à la rivière Yamuna, elle est l'artère principale de la ville permettant d’aller d’un jardin à l’autre en bateau.
Les monuments d'Agra ou l'âge d'or des Grands Moghols
Aujourd’hui, la cité merveilleuse d'alors a largement disparu. Seuls quelques sites, des murs et des pavillons en ruine demeurent, faisant de l’Agra moghole une utopie du passé.
La ville est peu attractive et sans grand intérêt, mais nous recommandons de lui dédier au moins une journée entière pour visiter des monuments remarquables, éparpillés ici et là et qui ont résisté au temps. Ce n’est qu’ainsi que le voyageur moderne pourra se remémorer le glorieux passé d'Agra, outre le Taj Mahal, et ressentir l’émerveillement des voyageurs d’autrefois.
Agra se visite toute l’année. Il faut cependant tenir compte de la fermeture du Taj Mahal tous les vendredis. À considérer également, les brouillards matinaux de janvier qui enveloppent, parfois totalement, les monuments.
Les sites incontournables à visiter d'Agra
LE TAJ MAHAL
« Je suis allé voir le célèbre Tage-mahal, dont il suffit de dire que, après avoir entendu de ses louanges depuis que j’avais été en Inde, sa beauté dépassa plutôt qu’elle ne fût en deçà de mes attentes. » Reginald Heber, évêque de Calcutta, 1825.
Site majeur de la ville d'Agra, c'est surtout l'icône de l'Inde. Le Taj Mahal est un immense mausolée funéraire de marbre blanc édifié entre 1631 et 1648 sur l'ordre de l'empereur moghol Shah Jahan pour perpétuer le souvenir de son épouse favorite Mumtaz Mahal.
C'est le joyau le plus parfait de l'art indo-musulman en Inde, et l'un des chefs-d'œuvre universellement admirés du patrimoine de l'humanité. Le monument est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1983 et un vote des internautes du monde entier le place, en 2007, sur la liste très restreinte des 7 merveilles du monde moderne. Il doit évidemment figurer sur tout circuit en Inde du Nord.
Fermé le vendredi. Ouvert du lever au coucher du soleil
Tarif adulte (avec mausolée) 1300 Rs. Gratuit < 15 ans
LE FORT ROUGE D'AGRA
Face au Taj Mahal de l'autre côté de la rivière Yamuna, ce monument significatif du 17ᵉ siècle moghol est une puissante citadelle de grès rouge enserrant la ville impériale dans son enceinte, avec un grand nombre de palais, des salles d'audience et deux très belles mosquées.
Akbar pose les fondations de cette magnifique citadelle construite entre 1565 et 1573 en demi-lune, siège et place forte de l'Empire moghol pendant plusieurs générations : il construit les murs et les entrées. Shah Jahan, son petit-fils, érige les principaux bâtiments et Aurangzeb, fils de ce dernier et ultime grand empereur moghol, encercle le fort de remparts et y enferme son père.
Un des plus importants monuments d'Agra, le Fort rouge est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1983.
Ouvert du lever au coucher du soleil
Tarif adulte 600 Rs. Gratuit < 15 ans
I'TIMAD-UD-DAULAH ou BABY TAJ
Ouvert du lever au coucher du soleil
Tarif adulte 300 Rs. Gratuit < 15 ans
Il s’agit d’un mausolée moghol, construit entre 1622 et 1628 et commandé par Nur Jahan, épouse de l’empereur Jahangir, pour son père Mirza Ghiyas Beg (émir perse en exil) qui avait reçu le titre de "pilier de l'État" (ou I'timad-ud-Daula).
Souvent décrit comme un coffret à bijoux et parfois surnommé le "Baby Taj", le tombeau est considéré comme l’avant-projet du Taj Mahal. Avec le bâtiment principal, la structure se compose de nombreuses dépendances et de jardins.
Situé sur la rive droite de la rivière Yamuna, le mausolée représente la transition entre la première phase de l'architecture moghole monumentale (principalement construite en grès rouge avec des décorations en marbre, comme au tombeau d'Akbar à Sikandra) et la deuxième phase basée sur l’utilisation de marbre blanc et de marqueterie de pierre dure telle qu’elle apparait sur le Taj Mahal.
Les murs sont en marbre blanc du Rajasthan décorés d’incrustations de pierres semi-précieuses (cornaline, jaspe, lapis-lazuli, onyx, topaze) représentant cyprès et bouteilles de vin, fruits coupés ou vases contenant des bouquets. Beaucoup considèrent que la décoration intérieure du Taj Mahal est inspirée de celle du mausolée, tel le seul élément asymétrique du complexe : les cénotaphes de Mirza Ghiyas Beg et de son épouse placés côte à côte. Cette formation est répliquée au Taj avec les cénotaphes de Shah Jahan et son épouse Mumtaz Mahal.
MEHTAB BAGH
Mehtab Bagh, ou « jardin du clair de lune », est situé sur l’une des rives de la rivière Yamuna. Le jardin, intentionnellement positionné dans l’alignement parfait de ceux du Taj Mahal sur la rive opposée, est sans aucun doute une réalisation de Shah Jahan, le bâtisseur du Taj.
Si aucune preuve dans les archives du temps ne suggère qu'il était inclus dans la conception initiale du mausolée de Mumtaz, épouse impériale, l'étroite liaison entre le jardin et le Taj a été identifiée dans divers schémas anciens où il est présenté comme un élément du plan global. Il n’apparaît sur aucune carte et semble avoir été délaissé et négligé, probablement à cause des inondations ; ceci pourrait être corroboré dans un rapport qu’Aurangzeb fait à son père en 1652 à propos de l'état du mausolée et du jardin.
Ce n’est que dans les années 1990 que le jardin est à nouveau exploré. Des méthodes de recherche modernes mènent à des découvertes captivantes tant sur le plan végétal – on découvre quelles plantes y poussaient – que sur le plan architectural.
Si des végétaux ordinaires donnent aujourd’hui un aspect plaisant au jardin, le peu de vestiges architecturaux qui nous sont parvenus permettent de déterminer avec certitude les contours du jardin d'origine, qui s'inspirait d'autres jardins situés le long de la rivière. Certains aspects décoratifs d'origine peuvent encore être observés et les ruines ont été solidifiées. On constate ainsi qu’une muraille suivait la rive de la rivière et qu’elle était agrémentée de tours à forme octogonale à ses deux extrémités. Au cœur du lieu se trouvait une terrasse de forme octogonale qui abritait un vaste bassin également octogonal agrémenté de vingt-quatre fontaines. D'autres structures, tels des pavillons, une autre terrasse, un autre jardin, une autre fontaine, figuraient également sur le site.
Des vestiges de systèmes d'irrigation élaborés ont également été découverts, rendant quasi indubitable le fait que le jardin servait de point de vue nocturne pour admirer le Taj Mahal, qui aurait été visible par son reflet dans la rivière, ou depuis le pavillon dans le bassin octogonal, ou encore à travers les jets d'eau des fontaines.
Quoi qu'il en soit, c'est aujourd'hui l'un des meilleurs endroits pour admirer le grand mausolée, sans la foule des visiteurs. Et c’est encore plus vrai au coucher du soleil !
Ouvert du lever au coucher du soleil.
Tarif adulte 300 Rs. Gratuit < 15 ans
TOMBEAU D'AKBAR - SIKANDRA
Akbar fut l'un des plus grands empereurs de l'histoire de l'Inde. Son tombeau, situé à Sikandra, à 8 kms au nord d’Agra, est un chef-d'œuvre de l’architecture moghole.
Comme le voulait la tradition, Akbar, troisième empereur de la dynastie, entama le projet de construction de son mausolée, de son vivant, en 1600. Celui-ci fut achevé après sa mort, son fils Jahangir en dirigeant les travaux entre 1605 et 1613.
Construit au milieu d'un vaste jardin, l'entrée principale du tombeau d'Akbar se fait par la merveilleuse porte sud. Elle est superbement décorée, tant à l'avant qu'à l'arrière, de grès rouge incrusté de pierres colorées, avec des motifs floraux autour des ouvertures et des motifs géométriques ailleurs. Du toit, à chaque angle, s’élèvent quatre minarets de marbre blanc similaires à ceux du Taj Mahal auxquels ils sont antérieurs.
Le tombeau lui-même, bâtiment à plusieurs étages reposant sur une plateforme carrée, est accessible par une très belle arche centrale qui, comme la porte sud, présente des décorations à grande échelle qui donnent l’impression que l’édifice est plus proche qu’il ne l’est en réalité. Les décorations géométriques, florales et calligraphiques préfigurent celles plus complexes et plus subtiles qui seront incorporées plus tard au tombeau d’I’timad-ud-Daulah. À l’intérieur, un vestibule richement décoré et un passage en pente douce mènent à la chambre funéraire et au cénotaphe, tous deux très sobres.
Lieu de sépulture impressionnant, le tombeau d’Akbar est un exemple parfait de la fusion des styles architecturaux persans, indiens et islamiques. Situé en dehors d’Agra, avec un accès rendu difficile du fait du trafic, le site est de moins en moins visité. Pourtant, le tombeau d’Akbar mérite vraiment le détour pour la beauté de ses bâtiments et la tranquillité de ses jardins.
Ouvert du lever au coucher du soleil.
Tarif adulte 300 Rs. Gratuit < 15 ans
FATEHPUR SIKRI - VILLE FANTÔME
Fatehpur Sikri, la ville fantôme, a captivé l'imagination pendant des siècles. Dans cette atmosphère onirique, et bien que les bâtiments aient été rénovés et protégés, il y a toujours une curiosité à découvrir à chaque coin du complexe palatial. Elle est aussi entourée de mythes. L'idée la plus répandue est que la ville a été abandonnée en raison d'une pénurie d'eau, une théorie pour laquelle il n'existe aucune base historique dans les écrits.
Chaque année, Akbar partait en pèlerinage à Ajmer. En route, il s’arrêtait dans un village nommé Sikri pour rendre visite à Sheikh Salim al-Din Chishti, un saint soufi. En 1569, Salim, fils d’Akbar et son successeur sous le nom de Jahangir, naît. Le saint de Sikri avait prédit cet événement. Akbar ordonne alors la construction d’un complexe religieux pour commémorer le saint et celle d’un complexe palatial pour abriter la famille impériale. Plus d’une décennie sera nécessaire pour achever la nouvelle ville, qui portera désormais le nom de Fatehpur Sikri (Ville de la Victoire) après la campagne victorieuse d'Akbar au Gujarat en 1573.
Akbar s'installa à Fatehpur Sikri jusqu'en 1585, lorsqu'il fut contraint de partir pour Lahore. La cité ne fut plus jamais utilisée comme capitale, et la population, qui, à son apogée, comptait peut-être un peu plus de 200 000 habitants, diminua rapidement.
Lorsqu'Akbar revint dans la région en 1595, il fit d'Agra sa base et ne visita Fatehpur Sikri que de temps en temps. Il en fut de même pour son fils Jahangir et son petit-fils Shah Jahan après sa mort. Bien que les bâtiments du palais se soient progressivement détériorés au fil des ans à mesure qu'ils tombaient en désuétude, les nominations impériales à la garde de la mosquée et du sanctuaire du saint ont continué, tout comme les pèlerinages, en particulier par les femmes incapables de concevoir.
Aujourd’hui, la cité fantôme de Fatehpur Sikri abrite de nombreux palais ainsi que l'une des plus grandes mosquées de l'Inde. Situé à 36 km à l’ouest d’Agra, le site est inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1983.
On y accède par des voiturettes électriques après avoir laissé sa voiture au parking. Compte tenu de la surface du site et de ses différents bâtiments, nous recommandons une visite avec guide. Cela permettra au visiteur d’ "imaginer" la vie dans cette ville au temps de sa grandeur.
Ouvert du lever au coucher du soleil.
Tarif adulte 600 Rs. Gratuit < 15 ans
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