La cérémonie de l'Aarti, emblématique de Varanasi, est l'une des cérémonies spirituelles les plus spectaculaires et significatives de l'Inde.
Pour qui vient à Varanasi, ou Kashi, ou Banaras comme l'appellent encore les Indiens, il est un moment très attendu en fin de journée : Ganga Aarti.
Ils sont pèlerins, sâdhus, croyants ou non, touristes, locaux ou simplement curieux. Ils sont issus de tous les horizons géographiques, culturels ou religieux et ils se rassemblent tous les jours au coucher du soleil dans la ville dédiée au dieu Shiva. Si la cérémonie du soir se concentre sur Dashashwamedh Ghat, nous y avons assisté depuis Assi Ghat. Prêts pour ce voyage dans un autre monde… on vous emmène à la cérémonie du Ganga Aarti à Varanasi, sur les bords du Gange !
La journée a commencé au lever du jour, sur les gaths ou sur un bateau depuis le fleuve, pour observer les rituels hindous et la ferveur des millions de pèlerins venus faire leurs ablutions. Il ne faut pas manquer de flâner sur les gaths où officient marchands de fleurs, sâdhus, vendeurs de bâtons de sucre et autres chiromanciens. Puis petit tour dans les ruelles du vieux Varanasi où il est compliqué de se frayer un chemin avant de partir vers Sarnath pour visiter un haut-lieu du bouddhisme.
Juste avant l’Aarti, on a adoré aller voir un artisan à l’œuvre sur son vieux métier à tisser Jacquard, occupé à la fabrication d’un sari pour lequel la ville sainte est toute aussi réputée. Nous sommes cependant tristes d’apprendre que l’avenir de son savoir-faire ne tient qu’à un fil faute de repreneur parmi les nouvelles générations.
Vient enfin la fin de journée. Avant le coucher du soleil, nous allons prendre place sur les marches d’Assi Ghat où les estrades sont en cours d’aménagement et où les prêtres vont bientôt officier. Sur environ sept kilomètres que l’on peut parcourir à pied, le long du fleuve, toute la rive s’illumine petit à petit. La foule, lentement mais sûrement, prend place partout autour des promontoires sacrés, cherchant le meilleur emplacement pour en profiter pleinement. Et la nuit tombe lorsque les prêtres font leur entrée.
C’est à partir de ce moment et pendant environ 45 minutes que nous allons assister à l’un des plus vénérés et des plus captivants rituels qu’offre l’Inde, avec pour toile de fond, le Gange.
La cérémonie, conduite par des jeunes prêtres qui ont revêtu des tenues traditionnelles assorties, est rythmée par les mantras védiques. Le son des cloches et les chants religieux accompagnent quant à eux le mouvement synchronisé des flammes qui brulent sur les grandes lampes à huile en laiton. Et l’écho des conques se perd dans les volutes blanches dégagées par l’encens. À tout cela s’ajoutent les applaudissements de la foule qui reprend en chœur les chants sacrés tout en immortalisant l’instant sur ses téléphones portables. Tradition et modernité ne font qu’un.
Et la cérémonie ne saurait se terminer sans l’offrande au fleuve sacré. Chacun s’exécute en s’approchant des eaux calmes sur lesquelles la nuit est tombée, pour y déposer la "deeya" que l’on a achetée pour quelques roupies préalablement à la cérémonie. La petite lampe à huile, formée par une mèche de coton trempée dans du ghee ou de l’huile végétale et posée sur une feuille de sal avec des fleurs, rejoint ainsi les milliers d’autres petites lumières qui, poussées au gré du vent, partent chaque soir au fil de l’eau.
Chacun reprendra ensuite le cours de sa vie, apaisé et surtout réjoui d’avoir pris part à ce moment singulier à nul autre pareil. Demain, une autre foule bigarrée assistera à la cérémonie pour à nouveau célébrer la déesse Ganga, colonne vertébrale de Kashi, le cœur spirituel de l’Inde.
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